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chapitre onzième.

vouliez bien accepter quelque argent pour les ennuis dont j’ai été la cause, bien que l’argent ne puisse pas vous payer de votre si bonne hospitalité ; répondez à mon désir, et vous me verrez partir content. » Le pauvre cracker baissa la tête, et passant lentement les doigts à travers ses cheveux noirs connue du charbon, il sembla un instant méditer une réponse, et alors, comme s’il eût représenté à lui seul le cœur généreux du Sud, il reprit d’un ton posé : « Étranger, j’ai connu des blancs assez nègres pour vendre l’hospitalité, mais je ne suis pas de ces gens-là. »

Je retrouvai le canot à la place où je l’avais laissé la veille, et bientôt je descendis la rivière, traversant une grande solitude d’une trentaine de milles jusqu’à la ville de Conwayborough. Les noirs se tordaient de rire en me voyant manier la pagaie à double pelle, lorsque je passai devant le débarcadère où le coton et les matériaux qu’emploie l’industrie de la marine étaient empilés, en attendant qu’ils fussent transbordés à neuf milles plus loin, à Pot-Bluff, où peuvent pénétrer les navires d’un tirant d’eau de douze pieds. Bien qu’à une distance encore assez grande de l’Océan, je commençai à ressentir les influences de la marée. À Pot-Bluff, le débarcadère et la confortable maison de son propriétaire, M. Dusenberry, offrait un agréable contraste avec la monotonie des forêts de pins. Cet homme d’affaires intelligent rendit charmant le court séjour que je fis chez lui.

Il faisait froid le mercredi 20 janvier, pour cette latitude, car la glace se formait en couche légère dans les seaux