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EN CANOT DE PAPIER.

tier qui paraissait frayé jusqu’à une petite clairière. Là, une troupe de porcs entouraient leur propriétaire, qui leur distribuait des glands en criant : « Ho ! ho ! petits, petits ! » Nous étions face à face, sans pouvoir nous voir au milieu de la nuit profonde. Je racontai mon histoire et demandai où je pourrais trouver un abri pour y établir mon campement : « Étranger, répondit lentement le cracker, ma cabane est tout près d’ici. Venez chez moi ; il ne fait pas bon à coucher en plein air ce soir, et les nègres vous voleraient certainement tout ce que vous avez, s’ils savaient que vous possédez quelque chose de bon à prendre. »

Dans les grands pins du voisinage, on apercevait une cabane construite avec de grosses branches d’arbres dépourvues d’écorce et dont les interstices étaient calfeutrés avec de la mousse. Un toit de planches de cyprès la préservait de la pluie. La cheminée de bois, bien garnie de terre desséchée, était construite à une des extrémités de ce rustique édifice. La vaste ouverture de ce foyer envoyait d’éclatants rayons lorsque nous entrâmes dans la demeure du pauvre homme. Au soin avec lequel le plancher était balayé, à la propreté de la literie et a la bonne tenue de toute la pièce, je devinai les mérites de la femme de Wilson Edge.

« Dans les forêts de pins, nous vivons de porc et de homety[1], me dit mon hôte, lorsque sa femme nous invita à prendre place à la petite table ; de temps à autre nous avons quelques œufs à manger avec des patates,

  1. Mets fait avec des grains de maïs concassés