Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/217

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
175
chapitre dixième.

jeune fille le reçût avec un mot piquant ou un coup de coude, aucune d’elles ne refusait cependant les sucres d’orge qu’il leur offrait ou que même il mettait dans les poches de leurs robes. La seconde cérémonie fut célébrée en trois minutes, et le prédicateur, fatigué de sa longue marche dans les bois, demanda à souper. Tandis qu’il était à table, les jeunes filles causaient ensemble, les dames âgées s’offraient du tabac avec de petites cuillers de bois, et le mettaient dans le coin de leur bouche, après en avoir pris une prise, comme elles disaient. Les garçons, informés que l’officiant avait retardé d’une heure le troisième mariage, décampèrent gaiement pour aller encore chercher des bonbons au magasin de M. Stewart. Je demandai, dans l’intérim, comment il se faisait que jeunes gens et jeunes filles fussent en pareille intimité. « Oh ! capitaine, répliqua la personne à qui je m’adressais, vous voyez que nous grandissons tous ensemble, et que nous sommes élevés dans le sentiment fraternel ; l’attachement fait naître la sympathie. Les frères aiment leurs sœurs, à leur tour les sœurs aiment leurs frères ; c’est parfaitement naturel. Voilà toute l’histoire, capitaine. Et chez vous, comment cela se passe-t-il ? « Le prédicateur, ayant déclaré qu’il n’avait plus faim, prononça ces mots : « Le meilleur de tous les régîmes, c’est ni trop, ni trop peu. » Après quoi la jeunesse se forma en ligne, et l’on repartit encore une fois pour la cérémonie du troisième mariage, qui fut célébré en aussi peu de temps que les deux autres. Le ménétrier se mit à racler les cordes de son instrument, et la danse commença. Les jeunes filles