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EN CANOT DE PAPIER.

de quelque utilité pour les navigateurs. En suivant la côte pendant onze milles jusqu’au cap Lookout, il y a bien une passe ; mais à cause des dangers de son chenal, elle ne rend aucun service.

Partant de Portsmouth, le canot entra dans le Core-Sound, qui devint de plus en plus étroit dès que j’eus franchi les récifs de la passe Whalebone, soit à l’aviron, soit à gué, sur les bas-fonds. La nuit approchait ; je suivais une rive dénudée, mais enfin, à ma gauche, je découvris une maison, la seule qu’il y ait, sur une étendue de seize milles, en suivant le bord de la mer. Elle était occupée par le patron d’une goélette mouillée à une longue distance, vu le peu de profondeur de l’eau. Des falaises de sable abritaient le cottage contre les brises dangereuses du large. J’étais encore très-éloigné du caboteur, quand j’aperçus un point noir qui rampait sur un monticule de sable blanc ; une fois arrivé au sommet, il resta immobile pendant que je ramais et me mettais à l’eau pour faire prendre terre à mon canot. Lorsque je l’eus remisé haut dans les broussailles, je mis mes couvertures et mes cartes sur mes épaules, et me dirigeai du côté du point mystérieux ; en m’en rapprochant, je vis que c’était un homme en sentinelle. Il ne bougea que lorsque j’eus atteint la hauteur ; alors, glissant jusque sur le sable de la rive, il s’écria gaiement : « Ah ! je croyais bien que c’était vous ! C’est lui, pensais-je, que j’aperçois à quatre milles d’ici… Je suis tout d’abord demandé : Est-ce seulement une épave qui est sur l’eau ? mais j’ai distingué votre tête et vos épaules ; oui, me disais-je, c’est un homme, bien