Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
151
chapitre neuvième.

à quatorze milles plus loin dans le sud. Les deux établissements de Chicamicomico ne se composent que de quelques maisons, et ils sont séparés l’un de l’autre par une plage de sable élevée et dénudée, d’un mille de longueur environ. Autrefois elle était couverte de bois, mais le vent a emporté le sable sur la forêt et l’a détruite. Dans un de ces villages, un moulin à vent tendait ses ailes à la brise.

À trois milles au-dessous se rencontre Kitty-Mitget’s Hammock, où quelques cèdres rouges et des chênes verts indiquent au voyageur l’étendue de la forêt, qui autrefois couvrait la plage. C’est la résidence du capitaine Abraham Mooper ; il est à la tête d’une pêcherie de maquereaux qui sont ensuite salés et envoyés sur les marchés de l’intérieur. Je venais de haler le canot dans les joncs pour m’assurer un abri pendant la nuit ; mais le vieux capitaine, dans sa ronde, me fit son prisonnier. Changer un lit dans un marais de joncs humides contre une bonne place auprès de la plus grande cheminée que j’eusse jamais vue, c’était à coup sur une chose bien agréable. Le manteau de la cheminée occupait presque tout un côté de la salle. Tandis que le feu flambait, j’allai m’asseoir sous le manteau même de cette cheminée avec les enfants de mon hôte, et je jouis avec eux du bon effet produit par les épaves d’un navire perdu sur l’estran, tout près de Kitty-Mitget. Avec quelle curiosité ces enfants regardaient celui qui était venu de si loin dans un bateau de papier !

« Comment fait le bateau de papier pour ne pas se fendre ? » disaient-ils ; toutes les explications que je