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chapitre neuvième.

près des brisants, les marins durent encore larguer le câble et manœuvrer pour trouver un chenal dans des eaux plus profondes où l’on pourrait se mettre à l’abri.

En discutant la question de savoir si l’on tiendrait bon, car les provisions se faisaient rares, vu qu’il n’y avait plus qu’une pièce d’eau à bord, et qu’enfin il ne restait plus qu’une seule ancre pour toute la flotte, on décida de faire route au sud, en quête d’un lieu où l’on pût trouver de l’eau. Le conseil avait l’espoir de capturer des navires espagnols dans les parages des Indes occidentales, et il fut résolu que si l’on réussissait, on retournerait avec les prises chercher les compatriotes exilés. L’un des navires retourna en Angleterre, pendant que l’amiral se rendit avec les deux autres à l’ile de la Trinité ; telle fut l’issue de la dernière tentative faite pour retrouver les colons.

Plus d’un siècle après que l’amiral eut abandonné sa colonie, Lawson disait, en parlant des Indiens d’Hatteras : « Ils assurent que plusieurs de leurs ancêtres étaient blancs, et qu’ils savaient lire et écrire dans un livre, comme vous et moi ; l’exactitude de cette assertion se trouve confirmée par la couleur exclusivement grise de leurs yeux. Ils sont extrêmement fiers de leur parenté avec les Anglais, auxquels ils sont prêts à rendre toutes sortes de bons services. Il est probable que l’insuccès de la colonie tint au manque de secours de l’Angleterre, ou bien qu’il résulta de la mauvaise foi des indigènes, car nous devons raisonnablement supposer que les Anglais avaient été forcés de cohabiter avec eux, et qu’ils