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chapitre neuvième.

latitude et 75° 33′ de longitude. Le capitaine Hatzel, de la Caroline du Nord, en est le principal et très-vigilant gardien. La température se refroidissait rapidement lorsque je me traînai dans les joncs élevés des marais, près du phare, pour chercher un abri contre le vent qui soufflait grand frais. Comme cet endroit n’a ni arbres, ni combustible, ni refuge d’aucune sorte, la nécessité me fit recourir à d’autres moyens pour me tirer d’embarras. J’avais dans ma poche un talisman qui devait m’ouvrir toutes les portes des phares depuis l’État du Maine jusqu’au Rio-Grande, depuis la Californie du Sud jusqu’à l’Alaska, dans le voisinage du pôle arctique, partout enfin où les États-Unis ont construit une tour ou élevé un phare. Tandis que je frissonnais dans mes vêtements humides, sur ces rivages désolés, je me rappelai avec reconnaissance mon excellent et prévoyant ami, M. Spencer Baird, qui, grâce à son influence toute-puissante, m’avait pourvu de ce Sésame, ouvre-toi !

Depuis ma jeunesse, ses conseils m’avaient guidé dans beaucoup de mes voyages d’exploration ; il ne m’avait pas abandonné même dans cette aventure, que mes amis appelaient « folle et excentrique ». Il avait obtenu pour moi une lettre circulaire adressée aux gardiens des phares des États-Unis, signée par le ministre de la marine, M. Walker, autorisant ses subordonnés à me donner l’hospitalité quand j’en aurais besoin. Pendant mon voyage, je n’eus que deux fois occasion de faire usage de cette lettre. Après avoir remisé mon canot en lieu sûr dans les herbes épaisses de la plage, je marchai péniblement dans le sable avec ma lettre à la