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chapitre neuvième.

infligées par la population flottante accourue du Nord. Actuellement, ils avaient besoin de vrais colons, et non pas de politiciens. Partout on m’exprima le même sentiment. Le mardi, je dis adieu à mes nouveaux amis, puis je descendis la rivière du Nord-Landing, en route pour le Currituck-Sound.

La frontière de la Caroline du Nord est à quelques milles seulement au sud du bac. La rivière débouche à six ou huit milles au-dessous du Pungo-Ferry. Une brise fraîche soufflait du nord, et comme la rivière s’élargissait à mesure qu’elle se rapprochait du Sound, jusqu’à avoir un mille et plus, les baies devaient être traversées d’une pointe à l’autre ; il fallait donc dépenser beaucoup de patience et de travail musculaire pour empêcher la mer de prendre le petit bateau par le travers. Je m’efforçais de gagner l’abri d’une pointe de terre, quand l’anneau d’un de mes tolets se détacha de son point de jonction avec la toletière ; il était urgent de chercher au plus vite la pointe sud du marais pour y trouver un refuge.

Le côté sous le vent présentait une nappe d’eau unie. Il ne fallut que quelques minutes de travail pour décharger et haler le canot dans de grands joncs qui m’offraient une bonne protection contre la fraîcheur de la brise ; pendant trois heures encore, le vent ne tomba pas. Le canot fut remis à flot et manœuvré à l’aide de la pagaie que j’avais toujours réservée en cas d’accident aux avirons ou aux tolets ; je continuai à avancer sur les eaux du Currituck.

Les cygnes se laissaient voir par troupes de vingt à cinquante ; mais ils étaient excessivement défiants, et ne