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chapitre huitième.

Il y a quarante bons milles pour traverser la baie de la Chesapeake, depuis Cherrystone jusqu’à Norfolk, et il était inévitable de faire le portage en partant de Cherrystone, et non pas du cap Charles, lequel, bien que situé à quinze milles plus au sud, ne m’offrait pas le moyen de transport dont j’avais besoin. Le lent véhicule à un cheval arriva à Cherrystone une demi-heure après le départ du bateau à vapeur dont l’obligeant capitaine, qui savait, me dit-on, ma prochaine arrivée, avait bien voulu m’attendre et m’appeler avec le sifflet de sa machine jusqu’au moment où il perdit patience.

La seule maison bâtie à l’extrémité du quai appartenait à M. Powers ; c’était heureusement un hôtel qui offrait des logements commodes. J’y restai jusqu’au plus prochain passage du paquebot, qui était le 4 décembre. Arrivé le soir même à Norfolk, je remisai mon canot dans les magasins du Old Dominion steamship Company, et je me réfugiai dans un asile pacifique, qui me promettait un repas servi le lendemain de bonne heure. Je Die félicitais beaucoup d’avoir échappé à la curiosité qui accueille d’ordinaire les canotiers aux quais de toutes les petites villes, et par-dessus tout d’avoir évité l’inévitable reporter. Mais, hélas ! ma satisfaction était prématurée ; car, au moment où j’allais me coucher, mon nom fut prononcé, et un véritable reporter du Norfolk-Landmark me coupa la retraite.

« Quelques mots seulement, monsieur ; je vous cherche par toute la ville depuis sept heures du soir, et il est bientôt minuit. »