Page:Bishop - En canot de papier de Québec au golfe du Mexique, traduction Hephell, Plon, 1879.djvu/149

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
110
EN CANOT DE PAPIER.

moi et à environ cinq milles au sud, jusqu’au sud-ouest, on voyait briller au soleil couchant les grands bois de l’île de Wight. Une grande quantité de canards sauvages s’envolaient des eaux tranquilles, lorsque mon canot glissait trop près d’eux. Si j’eusse emporté un chargement moins pesant, j’aurais pu me munir d’un fusil léger ; mais comme c’était impossible, je n’avais d’autre arme qu’un petit pistolet de poche ; aussi les canards et d’autres oiseaux sauvages avaient-ils raison de venir me saluer au passage. En me rapprochant des rives de l’île de Wight, j’entrai dans l’embouchure du Saint-Martin, qui, à son confluent avec la baie Wight, est large de plus de deux milles. Je n’avais pas alors la belle carte n° 28, ni la carte générale n° 4 de la côte, avec la topographie des fermes, champs, terres, etc., etc., si bien figurée qu’elle rendrait facile la navigation sur ces eaux, même pour un novice. Alors, sans carte de ces passages, je cherchais à travers l’obscurité du crépuscule l’habitation de mon ami que je savais n’être pas loin ; mais la sombre forêt de pins, sur les hauteurs, ne me permit pas de trouver ce que je désirais tant découvrir.

Après avoir traversé cette large rivière, j’arrivai à la pointe de Keiser, où je savais qu’à l’ouest je trouverais le ruisseau Turval. Tandis que je côtoyais le bord du marais, je tombai sur deux chasseurs, en observation sur un poste flottant ; mais ils étaient tellement enveloppés par le brouillard qu’il m’était impossible de distinguer rien de plus que leurs formes. Je m’aventurai pourtant à leur demander où j’étais, quand, à mon grand étonnement, ils me répondirent en venant de mon côté et en m’appelant par