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EN CANOT DE PAPIER.

passai devant Dunderberg[1] et la ville de Peekskill, située sur la rive opposée ; puis j’arrivai à la baie d’Haverstraw, point où le fleuve est le plus large. « C’est là, dit l’historien, que les eaux douces et salées se disputent la prépondérance avec une invariable égalité ; on voit souvent sur le fleuve des marsouins, en grand nombre, qui nagent et jouent au soleil ; au printemps, on prend beaucoup d’aloses au moment où elles viennent déposer leur frai dans les eaux douces. » J’avais traversé la baie de Haverstraw, lorsque j’arrivai au pittoresque petit cottage d’une illustration qui n’est plus de ce monde. De charmants souvenirs de ses récits s’éveillèrent dans mon esprit lorsque je contemplai Sunnyside, la maison de Washington Irving, à moitié cachée au milieu d’arbres toujours verts, avec ses murs de stuc brillant au soleil ; sur l’arrière-plan, de grandes villas se montraient dans le paysage. Un peu plus loin en descendant la rivière, à Irvington, j’allai à terre et passai le dimanche avec des amis. Le lundi suivant, malgré un épais brouillard, je continuai ma route vers New-York. Au-dessous d’Irvington, on trouve les célèbres Palissades, ou escarpements de rochers qui apparaissent dans toute leur longueur lorsqu’on les regarde de la rive droite de l’Hudson, Ces singulières collines présentent, près de Hoboken, une face perpendiculaire de trois cents à quatre cents pieds de hauteur. Des morceaux de rocs désagrégés s’étendent à leurs pieds, sous la double actiom du soleil et de la gelée.

  1. La montagne du tonnerre.