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VIE ET ŒUVRE

maçons. La comtesse était restée avec les enfants à Iasnaïa Poliana.

La félicité des premières années de la vie de famille de Tolstoï fut assombrie par les souffrances morales de deux êtres chers aux époux : le comte Serge Nicolaiévitch Tolstoï, frère aîné de Léon Nicolaiévitch, et Tatiana Andréievna Bers, sœur cadette de la comtesse Sophie Andréievna. Tous deux, étroitement unis à la famille de L. N. Tolstoï, eurent l’occasion de se voir souvent ; ils ne tardèrent pas à se rapprocher, et s’aperçurent bientôt qu’ils étaient très amoureux l’un de l’autre. Malheureusement il y avait entre eux une différence d’âge de plus de vingt ans. Pour cette jeune fille de dix-sept ans, c’était le premier sentiment vif ; pour Serge Nicolaiévitch qui approchait de la quarantaine, et qui avait déjà beaucoup vécu, c’était le dernier élan de sa nature ardente. En outre, Serge Nicolaievitch n’était pas libre ; depuis longtemps il vivait avec une femme dont il avait des enfants, auxquels il était attaché. Cependant, comme cette liaison n’était pas connue dans leur monde, les parents de Tatiana Andreievna auraient trouvé tout naturel qu’il la rompît pour épouser la jeune fille. Mais Serge Tolstoï, après bien des souffrances et une lutte morale qui dura près de deux années, résolut de demeurer fidèle à sa famille illégitime. La jeune fille, soutenue par la tendresse et l’affection de sa sœur et de son beau-frère, sut également vaincre son amour et guérir cette première blessure, et plus tard choisir avec un sentiment plus sérieux un compagnon de toute la vie.

Par la suite S. N. Tolstoï, voulant assurer l’avenir