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LÉON TOLSTOÏ

bruits de cuivre ; et derrière tous, un immense géant, touchant presque le plafond, merveilleusement fait. C’était Keller qui portait ce géant et dansait avec lui. L’effet était tel que je ne puis te le dire. Les domestiques sont venus en nombre. Anna déguisée en Allemand. On a commencé par manger les gâteaux. La fève échut à Brandt, qui choisit Varenka. On les a fait asseoir sur le trône. Aussitôt après a commencé un tobu-bohu indescriptible. Les chansons, les danses, les jeux, les combats à coups de vessies, les pétards, les rondes, la mangeaille, et enfin les feux de bengale qui ont causé à tous le mal de tête et des vomissements. Moi, je suis restée en bas avec les enfants, et je t’avoue que je n’étais pas enchantée de tout ce vacarme. Des journées entières il a fallu se tourmenter pour les dîners, les soupers, les lits, etc., j’étais seulement très heureuse pour les fillettes qui étaient aux anges. La fête a duré jusqu’à trois heures du matin. Le lendemain, tous sont restés chez nous. Nous sommes allés nous promener sur deux troïkas, et tout le temps, avec passion, chacun tâchait de dépasser les autres[1]. »

En général, cette période du milieu des années 60 fut l’une des plus heureuses de la vie de famille de Tolstoï. L’affection la plus tendre unissait les époux. Léon Nicolaievitch, dans ses lettres à ses amis, appelle en plaisantant cette période sa lune de miel, jouant de la guitare et chantant des chansons tendres : « … Dites-lui que l’amour passionné… »

  1. Archives de T. A. Kouzminsky.