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LÉON TOLSTOÏ

retourna, mais sans lièvre ; il avait disparu dans un fourré…

« Je me souviens que la première année nous allions ensemble pêcher le brochet. Nous choisissions les endroits étroits de la rivière Voronka. Il barrait la rivière avec un filet, et, moi, ma sœur, et tous ceux qui étaient là, troublions l’eau avec des bâtons. Les poissons allaient dans le filet qu’il tenait, et il s’amusait beaucoup de cette pêche. »

La vie paisible de Iasnaïa Poliana avait ses plaisirs particuliers. Des parents, des voisins venaient et on passait très gaiement les fêtes, Noël, par exemple.

Et ces plaisirs révêtaient une animation particulière quand Léon Nicolaievitch y apportait sa nature gaie et originale.

Voici la description d’une de ces fêtes que fait la comtesse Tolstoï à sa sœur, en janvier 1865.

« … On décida d’organiser un magnifique bal masqué pour les Rois. Serge accepta de déguiser les siens et de les amener chez nous. C’était un tel remue-ménage que la maison en était sens dessus-dessous. Léon et moi avions arrangé le trône. Dans la salle à manger, sur une grande table, nous avions placé deux fauteuils avec des aigles à deux têtes dorés. Tous les murs, les tables, les marches qui menaient à la table étaient tendus de drap vert. Au-dessus, nous avions fait une sorte de dais avec une couverture blanche à fleurs rouges, et on y mit les couronnes et les décorations. On disposa les fleurs, les lauriers, les orangers ; c’était magnifique. Tout cela était arrangé dans le salon, devant la porte vitrée. On enleva les