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LÉON TOLSTOÏ

plus grande que la vérité de la constitution anglaise, tant qu’existera le genre humain. C’est une vérité absolue. Mais il y a aussi des vérités relatives, appliquées, qui en découlent. La première de ces vérités relatives, c’est l’opinion du peuple russe sur la propriété. Le peuple russe nie la propriété la plus solide, la plus indépendante du travail, la propriété qui gêne plus que toute autre son droit : la propriété foncière. Ce n’est pas un rêve. C’est un fait qui trouve son expression dans les communes paysannes et dans celles des Cosaques. Cette vérité est comprise également par le savant russe et par le paysan, qui dit : « Qu’on nous inscrive aux Cosaques, et la terre sera libre. » Cette idée a un avenir. Ce n’est que sur elle que peut se baser la révolution russe. La révolution ne sera ni contre le tzar ni contre le despotisme, mais contre la propriété foncière. Elle dira : « De moi, de l’homme, prends ce que tu veux, mais la terre laisse-la nous toute. » — La monarchie n’empêche pas mais facilite cet ordre de choses. (Tout cela je l’ai vu en rêve, le 13 août)[1]. »

Nous voyons ainsi que la grande idée de l’abolition de la propriété foncière que Tolstoï propage à présent, et qui détermine sa sympathie aux idées de Henri George, que cette idée germa il y a quarante ans. Le songe n’est que le reflet de la réalité ; que Tolstoï ait pu penser ainsi en dormant, cela prouve seulement l’intensité de sa pensée réelle.

Plus loin nous trouvons une note sur ses lectures :

« 23 septembre ». J’ai lu Consuclo. Une stupidité

  1. Archives de L. N. Tolstoï.