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LÉON TOLSTOÏ

De nouveau, la plupart de ses forces spirituelles se fixent, et la création pédagogique jaillit de lui comme un torrent. Il crée un système pédagogique entier, écrit une série d’articles, édite une revue. Sans doute sa vie morale suit un chemin plus compliqué, plus profond et plus difficile à indiquer. Nous n’en donnons que le schéma.

Souffrant des passions qui le tourmentent il est encore torturé des doutes qui l’assaillent. Une des qualités intellectuelle, très forte, de Tolstoï, c’est l’analyse impitoyable de tous les phénomènes qui l’entourent. Cette analyse appelait ensuite un invincible besoin de synthèse, de conclusion générale, la connaissance du sens de la vie pouvant lui donner l’équilibre des forces morales. Et il ne pouvait le trouver. Rappelons-nous les paroles désespérées des Confessions, qui se rapportent au commencement des années 60.

« Pendant un an je me suis occupé de l’arbitrage territorial, des écoles, de la revue, et j’étais si tourmenté, particulièrement parce que je perdais pied, que je tombai malade, plutôt moralement que physiquement, j’abandonnai tout, et partis dans la steppe, chez les Bachkirs, respirer l’air, boire du koumiss, et vivre de la vie animale. Au retour je me mariai. »

Le besoin du mariage, de la vie de famille, depuis longtemps tourmentait Tolstoï. Il atteint enfin le but de ses rêves.

La vie de famille l’empoigne avec une force extraordinaire, de nouveau fixe ses passions et délivre ses forces créatrices. Et pendant les cinq