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VIE ET ŒUVRE

théorie de la science militaire. Par la description il est incomparable, et ses scènes de la vie militaire peuvent, selon nous, servir de supplément des plus utiles à n’importe quel cours de la théorie de l’art militaire. Quant à ses conclusions, elles ne soutiennent pas la critique, même la plus indulgente, bien qu’elles soient intéressantes en tant que correspondant au degré de développement des opinions de l’auteur sur la science militaire[1]. »

La partie philosophique de Guerre et Paix rencontra peu de sympathie, et encore moins de compréhension, de la part du public.

N. N. Strakov, lui-même, qui commente plutôt qu’il ne critique Guerre et Paix, et qui est très sympathique aux idées exprimées dans le roman, dit qu’il serait préférable que la philosophie de l’histoire fût mise à part dans un traité particulier ; que les idées exprimées y gagneraient en clarté.

Seul le professeur Ovsianiko-Koulikovsky, dans ses récents Essais, a reconnu l’unité de tous les événements de Guerre et Paix (artistiques, historiques et philosophiques), qui se suppléent réciproquement. À ce point de vue, il a écrit une admirable analyse des types populaires et mondains de Guerre et Paix.

Le professeur Karéiev, dans une conférence publique, remontant aux années 80, commit une grave erreur en analysant la philosophie de l’histoire dans Guerre et Paix et la critiquant indépendamment de toute l’œuvre. Naturellement la conclusion de son étude fut négative. S’inclinant devant

  1. Dragomirov, Guerre et Paix au point de vue militaire. St-Pétersbourg, 1868.