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LÉON TOLSTOÏ

trouve une description de ces événements et leurs commentaires absolument conformes à ceux auxquels je suis arrivé. Me basant sur des données historiques indiscutables je raconte quelque chose, et le comte Tolstoï, qui n’a pas eu ces données, raconte exactement la même chose, guidé seulement par sa clairvoyance artistique, et nos conclusions sont les mêmes. Comment donc ne consulterais-je pas Guerre et Paix[1]. »

Mais tous les militaires n’étaient pas satisfaits de la manière dont Tolstoï avait décrit les campagnes de 1805-1812. Certains critiques militaires paraissaient être offensés, scandalisés, par les descriptions de Tolstoï. Ce furent toujours les vieux généraux qui prirent part à la guerre nationale. Ainsi A. S. Norov écrivit sur un ton offensé un long article, publié dans le Recueil militaire (Voenni-Zbornik), sous le titre Guerre et Paix au point de vue historique et d’après les souvenirs des contemporains.

Un des critiques militaires sérieux de Guerre et Paix, c’est le général Dragomirov, qui fit paraître une série d’articles ayant pour titre : Guerre et Paix au point de vue militaire. Dès les premières lignes de cette étude, se dégage le sens de sa critique, et, comme elles résument l’article, nous nous contenterons de les citer :

« Le roman de Tolstoï est intéressant pour le militaire à un double point de vue : par la description des militaires et des mœurs militaires, et par le désir de tirer quelques conclusions concernant la

  1. Comte L. N. Tolstoï, Essais de V. Soloviev. Niva, 1879, p. 854.