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LÉON TOLSTOÏ

la force à qui manquaient ces vertus. Voilà le sens de Guerre et Paix[1]. »

Entre ces deux critiques extrêmes on peut placer celle de Skabitchevsky, qui, dans ses Essais critiques, donne une analyse très poussée de la partie artistique de Guerre et Paix. Il tombe dans l’erreur de comparer Tolstoï à Gogol. Il lui semble que la deuxième partie de Guerre et Paix rappelle, par son incursion dans le domaine philosophique, la triste fin de Gogol. Si, dans la crise religieuse de Tolstoï, qui se manifesta après son grand roman, on peut trouver une certaine analogie avec celle de Gogol, en tout cas, au point de vue artistique, la similitude entre les deux grands écrivains ne saurait se soutenir. Nous tous qui avons connu Tolstoï pendant sa période de crise religieuse pouvons témoigner que la force artistique de Tolstoï n’en a point faibli, que, depuis, elle a acquis, au contraire, plus de clarté et de persuasion.


Au point de vue historique, Guerre et Paix a provoqué également des discussions très variées. En commençant par Tourgueniev, qui n’y voyait qu’un « truc », jusqu’à Piatkovski, qui, dans son article « l’Époque historique dans le roman de L. N. Tolstoï », s’exprime ainsi : « Pour soutenir sa théorie de la stupidité historique et l’appliquer à une série de faits, le comte Tolstoï rassemble et embrouille exprès le plus de faits possibles[2] », nous trouvons une série d’articles critiques de cette

  1. N. N. Strakov, Articles critiques, pp. 312-339.
  2. N. N. Strakov, Articles critiques, pp. 312-339.