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VIE ET ŒUVRE

Dans le domaine artistique, nous donnerons les spécimens de critique de deux groupes littéraires opposés.

Dans les Annales de la Patrie (Otetchestvennia Zapiski), D. J. Pissarev, dans l’article intitulé : les Vieux seigneurs (no 2, 1866) dit entre autres :

« Le nouveau roman de Tolstoï, qui n’est pas encore achevé, peut être regardé comme l’œuvre modèle sur la pathologie de la société russe. Il y a dans ce roman une série de tableaux brillants et variés, écrits avec le calme d’une majesté épique. La question : Que deviennent les esprits et les caractères humains dans les conditions qui donnent aux hommes la possibilité de se passer des sciences, de l’énergie et du travail ? est posée et résolue.

« Il est possible et même probable que le comte Tolstoï ne s’est pas imposé cette tâche. Il est probable qu’il veut, tout simplement, peindre une série de tableaux de la vie des seigneurs russes au temps d’Alexandre ier. Il voit nettement et tâche de montrer aux autres, dans les plus petits détails, jusqu’aux moindres nuances, les particularités qui caractérisent l’époque et les gens d’alors ; ces gens qui pour lui étaient intéressants ou accessibles à son étude. Il ne veut qu’être véridique et exact. Ses efforts ne tendent pas à soutenir ou à renverser une idée théorique quelconque. Selon toute probabilité, il accorde au sujet de ses recherches, longues et méticuleuses, cette tendresse involontaire et naturelle que ressent d’ordinaire l’historien talentueux pour ce passé plus ou moins lointain qu’il fait revivre. Et peut-être trouve-t-il dans les particularités de ce passé, dans les personnes, les caractères, les con-