devancés. Ainsi V. P. Botkine écrit à Fet, le 14 janvier 1865.
« J’ai commencé à lire le roman de Tolstoï. Comme il observe avec finesse les divers mouvements intérieurs ! C’est étonnant ! Mais bien que j’en aie lu plus de la moitié, l’intérêt du roman ne se dessine pas encore, de sorte que jusqu’ici ce sont les détails seuls qui dominent. En outre, à quoi bon ce débordement de conversations françaises ? Il suffit de dire que la conversation avait lieu en français. C’est complètement inutile et l’impression produite est désagréable. En général, on remarque chez lui une grande négligence de langue. C’est évidemment une préface, le fond d’un futur tableau. Mais quelque intérêt que présentent ces petits détails on ne peut s’empêcher de dire que ce fond prend une trop grande place. »
Tourgueniev ne fut pas gagné du premier coup par cette œuvre hardie qui déroutait son esprit discipliné. Le 25 mars 1868, il écrit à Fet :
« La deuxième partie de 1805 est faible. Comme tout cela est petit et artificiel. Est-ce que Tolstoï n’en a pas assez de ses raisonnements éternels. Suis-je ou non un poltron ? Et toute cette pathologie de la bataille ! Où sont ici les traits de l’époque ? Où est la couleur historique ? Denissov est assez bien décrit : mais cette figure serait bien comme dessin sur un fond, or le fond manque. »
Les lecteurs remarqueront que Botkine reproche à Tolstoï l’abondance du fond et Tourgueniev sa pénurie. Plus tard, dans la lettre à Fet, du 8 juin 1866, Tourgueniev s’exprime encore plus crûment :
« Le roman de Tolstoï est mauvais, non par la