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VIE ET ŒUVRE

enfantements artistiques, sont des portraits d’après nature, obtenus après de longues et minutieuses recherches. Tels sont, par exemple, les deux types militaires reproduits dans le roman. De même le récit de l’incursion des partisans conduits par Dolokhov n’est autre que le récit des actes héroïques du très connu Figner, pendant la campagne de 1812. « Le partisan très connu, Figner, capitaine d’artillerie, depuis le commencement de la guerre nationale se distinguait par une haine farouche envers Napoléon, haine qui avait même quelque chose de mystique, ce qui était alors à la mode. Chaque jour il allait dans les églises et, les larmes aux yeux, priait Dieu de délivrer la Russie du monstre. Après l’occupation de Moscou par l’ennemi, Figner, avec la permission du commandant en chef, alla dans la capitale abandonnée ; sous divers travestissements, il prenait tous les renseignements qu’il lui fallait, et la nuit, réunissant les habitants, il se jetait sur les Français, déchaînant le désordre et la tuerie parmi eux. Quand se forma l’armée partisane, Figner reçut un petit détachement avec lequel il harcelait l’armée française. Il se faisait remarquer par une audace extraordinaire dans l’attaque et par la cruauté avec laquelle il traitait les Français. Après la campagne de 1812 on fit circuler beaucoup de récits de ses exploits[1]. »

Dans le premier volume de ce recueil biographique, nous avons déjà mentionné que les deux principales familles du roman rappellent beaucoup les ancêtres paternels et maternels de Léon Tolstoï.

  1. Zelinski, Littérature critique des œuvres de Tolstoï, tome v, p. 325.