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LÉON TOLSTOÏ

la nullité est évidente. Enfin une mort misérable…

« Alexandre, homme intelligent, charmant, sensible, qui cherche la grandeur humaine. Il renonce au trône et donne son approbation (il ne l’empêche pas) à l’assassinat de Paul. (Ce n’est pas possible.) Projette la rénovation de l’Europe. Ses larmes à Austerlitz — Speransky. L’émancipation des paysans. Tilsitt. L’étourdissement par la grandeur. Erfurth. Jusqu’à l’an xii la grandeur humaine, les hésitations. La victoire, le triomphe qui l’effraye lui-même. L’embrouillement extérieur et la clarté intérieure. La mort. Si c’est le meurtre, tant mieux[1]. »

Tolstoï étudia en outre les lieux où s’étaient passés les grands événements qu’il se proposait de décrire. C’est ainsi qu’il explora le champ de bataille de Borodino et en fit lui-même le plan qui se trouve dans le roman.

Le beau-frère de Tolstoï, S. A. Bers, qui l’accompagna dans ce voyage au champ de Borodino, le raconte ainsi dans ses souvenirs.

« Pendant l’automne de 1866, Léon Nicolaievitch arriva à Moscou afin d’aller examiner le champ de Borodino où eut lieu la célèbre bataille de 1812. Il était seul et s’arrêta chez nous. Il demanda à m’emmener. Mes parents y consentirent. Mon enthousiasme était indescriptible. J’avais alors onze ans. Mon père donna à Léon Nicolaievitch son break de chasse et sa cantine. La route, sans compter dix verstes de chaussée après la ville, était très marécageuse et Léon Nicolaievitch s’inquiétait beau-

  1. Archives de L. N. Tolstoï.