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LÉON TOLSTOÏ

quelle chose importante je vous dirai de moi : Après cette chute de cheval où je me cassai le bras, revenu de mon évanouissement je me suis dit : Je suis un littérateur. Et je le suis ; mais un littérateur isolé. Ces jours-ci paraîtra la première partie de l’Année 1805. Je vous prierai de m’écrire au plus vite ce que vous en penserez ; votre opinion m’est très chère, ainsi que celle d’un homme que j’aime de moins en moins, de Tourgueniev.

« Je regarde comme un essai de plume tout ce que j’ai publié jusqu’à ce jour ; ce que je publie maintenant me plaît bien davantage ; toutefois, je le trouve encore faible, mais ce n’est que le commencement. Que sera le reste ? c’est terrible d’y penser ! Écrivez-moi ce que l’on dira dans divers cercles que vous connaissez, et, principalement, quelle sera l’impression sur le public. Probablement que cela passera inaperçu. Je l’attends et le désire. Pourvu seulement qu’on ne m’insulte pas, l’injure fait mal… »

Pour écrire la suite de son roman, Tolstoï examina de nombreux documents historiques, et s’entretint avec plusieurs personnes qui avaient des souvenirs personnels de cette époque, ou dans la mémoire desquelles étaient restés vivants les souvenirs des contemporains.

Dans son journal de cette époque, il note une impression intéressante, fournie par la lecture de ces matériaux, et qui devint ensuite le fil conducteur de son roman.

« 19 mars 1865. La lecture de l’histoire de Napoléon et d’Alexandre m’a entraîné. Tout à l’heure, une pensée joyeuse m’est venue, la conscience