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VIE ET ŒUVRE

après l’accident, et Agafia Mikhailovna sommeillant à demi sur le plancher, dans l’obscurité ; et je me sens si triste que je ne saurais l’exprimer[1]. »

Dès que Tolstoï se sentit mieux, après l’opération, il se remit à son roman. Ne pouvant encore s’aider de sa main, il le dictait à Tatiana Bers. Bientôt il traita avec Katkov pour la publication de son roman dans Rousski Viestnik. Katkov lui payait 300 roubles la feuille. En décembre, Tolstoï, retourna chez lui.

En janvier 1865, Tolstoï décrit à Fet, sur un ton plaisant, les événements importants d’alors : son bras cassé, et la publication prochaine de la première partie de son roman :

« Comment n’avez-vous pas honte, mon cher Fet, d’agir envers moi comme si vous ne m’aimiez pas ou comme si nous tous devions vivre autant que Mathusalem ! Pourquoi ne venez-vous jamais nous voir, pourquoi ne venez-vous pas vous reposer deux ou trois jours avec nous ? Agir ainsi avec les autres, passe encore. Eh bien ! puisque nous ne nous sommes pas vus à Iasnaia, nous nous rencontrerons quelque part à Podnovinskoié. Mais nous ne nous y rencontrerons pas. Moi je suis heureux d’être attaché à Iasnia Poliana ; vous, vous êtes un homme libre. Et si quelqu’un de nous vient à mourir tout d’un coup, comme est mort le mari de ma sœur, Valérien Petrovitch, il dira : « Imbécile ! Pourquoi ai-je travaillé tout le temps autour du moulin et ne suis-je pas allé chez Tolstoï ? » Vraiment ce n’est pas une plaisanterie. Savez-vous

  1. Archives de la comtesse S. A. Tolstoï.