Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/45

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
37
VIE ET ŒUVRE

velle, la comtesse Sophie Andréievna ajoute néanmoins :

« Et toi, mon chéri, au contraire, reste à Moscou, ne viens pas avant que tout n’aille bien à la maison. Maintenant, de toutes façons, tu n’existerais pas pour moi, je suis toute à la chambre d’enfants, avec les enfants malades. Je ne puis les quitter d’une seconde, ni jour, ni nuit. »

L’inquiétude que lui causèrent ces nouvelles détermina sans doute Tolstoï à subir l’opération. Le 28 novembre, les docteurs Popov et Gaak, après l’avoir chloroformé, cassèrent la soudure antérieure et remirent le bras dans un appareil. L’opération fut faite heureusement et la convalescence suivit son cours normal.

Le lendemain, Tolstoï dicta à sa belle-sœur, Tatiana Bers, une lettre à sa femme. Dans cette lettre, après avoir décrit sur le ton plaisant les préparatifs de l’opération, il dit qu’il n’a éprouvé aucune peur avant l’opération, et qu’il n’a souffert qu’après, et que du reste les douleurs se calmèrent bientôt par des compresses froides. La comtesse lui écrit presque chaque jour, lui donne des nouvelles des enfants et tâche de le rassurer pour lui rendre moins pénible la séparation. Ainsi le 2 décembre, elle écrit :

« À quoi t’occupes-tu maintenant, mon cher Léon ? Tu as sans doute trouvé un copiste quelconque et lui dictes, si ton bras ne te fait pas trop souffrir, et si, en général, tu te portes bien. Pour le moment je suis sans travail et je me fais des robes afin d’être à ton retour tout à fait libre et pouvoir écrire sous ta dictée. »