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VIE ET ŒUVRE

le soutien de ce qu’il reconnaissait en lui de meilleur et de supérieur ; pour moi, c’était encore l’aide irremplaçable dans mon développement intérieur. »

Parlant ensuite de sa correspondance avec Tolstoï dans la première période de leur connaissance, Tchertkov ajoute :

« Son aide délicate et attentive dans la marche du développement spirituel de son jeune et presque unique ami et co-penseur, sa modestie, les scrupules qui l’empêchaient de donner des conseils, sauf si on lui en demandait, son respect et son attention pour chaque opinion, même critique, pourvu seulement qu’elle découlât d’un point de vue chrétien, son adoration pour la doctrine du Christ, exprimée dans le sermon sur la Montagne, sa tolérance et sa crainte du prosélytisme, la naissance d’un projet de littérature pour le peuple, ses souffrances dues à l’incompréhension des siens, et la conscience douloureuse du péché de ce luxe dans lequel il vivait…, tout cela, et d’autres traits encore, qui complétaient son image morale d’alors, paraît nettement dans ses lettres intimes. »

En janvier 1884, Tolstoï eut de nouveau la visite du peintre Gay, devenu son ami intime. Les relations entre eux étaient si simples que Tolstoï n’était nullement gêné par la présence du vieillard pendant qu’il travaillait, tandis qu’il n’avait jamais permis à personne des siens de venir le déranger dans son cabinet de travail. M. Gay profita de cette exception pour faire un beau portrait de Tolstoï devant sa table à écrire. Comme plusieurs des œuvres de Gay, ce portrait est fait avec cet amour qui saisit les traits les plus précieux de l’original, c’est pour-