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VIE ET ŒUVRE

L’ancien désir d’être le plus loin possible de la maison s’est changé en désir d’être le plus près possible de la maison ; la direction de ma vie est devenue tout autre, et le bien et le mal ont changé de place. Tout cela s’est produit parce que j’ai compris la doctrine du Christ autrement que je ne la comprenais autrefois. Je ne veux pas interpréter la doctrine du Christ, je veux seulement raconter ce que j’ai compris de simple, de clair, d’indiscutable dans cette doctrine, et comment cela a transformé mon âme et m’a donné le calme et le bonheur. »

« Je crois en la doctrine du Christ, conclut-il solennellement dans le dernier chapitre de son livre. Et voici en quoi consiste ma foi : je crois que le bonheur n’est possible sur terre que quand tous les hommes accompliront la doctrine du Christ. Je crois que l’accomplissement de cette doctrine est possible, facile et joyeux. Je crois que, même si j’étais seul à l’accomplir, il ne me resterait rien d’autre à faire pour mon salut, de même que, dans une maison en feu, il ne reste qu’à chercher la porte de sauvetage. Je crois que ma vie, selon la doctrine du monde était pénible, et que seule la vie selon la doctrine du Christ donne dans ce monde le bonheur que nous a destiné le Père de la vie. Je crois que cette doctrine donne le bonheur à toute l’humanité et, outre qu’elle me sauve de la perte inévitable, me donne le plus grand bonheur. C’est pourquoi je ne puis point ne pas la suivre. Et cette foi m’impose des devoirs. Je crois que la vie raisonnable, — ma lumière, — m’est donnée exclusivement pour éclairer les hommes, non par les paroles, mais par les actes, afin qu’ils glorifient le Père,