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VIE ET ŒUVRE

che aussi : je suis allé pour une semaine à la campagne, vers la mi-octobre, et dans le trajet de la gare à la maison, une valise est tombée du traîneau. Elle contenait des livres, des manuscrits, des épreuves, et l’un de vos livres est perdu : le premier volume de Grisbach. Les annonces ne m’ont donné aucun résultat. Je sais que vous me pardonnerez, mais je suis confus et peiné d’avoir perdu un livre dont j’ai toujours besoin[1]. »

Parmi les manuscrits perdus se trouvaient quelques chapitres de : En quoi consiste ma religion, et il dut les rétablir. Sentant que cet ouvrage ne serait pas approuvé par ceux « qui ont la clef du royaume du ciel », Tolstoï résolut de le publier sans la censure préventive, en cinquante exemplaires, marqués d’un prix élevé, afin de montrer clairement que ce livre n’était pas destiné au grand public. Il espérait le sauver ainsi. Mais il n’en fut rien.

Le 29 janvier 1884, la comtesse Tolstoï écrit à son mari, alors à Iasnaïa Poliana :

« Marakouiev dit que la censure laïque a renvoyé ton livre à la censure ecclésiastique, que le président du comité de la censure l’a lu et déclaré qu’il y a dans cet ouvrage tant de vérités sublimes qu’il ne voit pas la raison de l’interdire. Mais je pense que Pobiedonostzev, avec sa goujaterie et son pédantisme ordinaires, l’interdira. En attendant, il est arrêté chez Kouchnerov, et il n’y a pas encore de décision. »

Et trois jours plus tard, elle écrit :

  1. Archives de V. G. Tchertkov.