Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/411

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
385
VIE ET ŒUVRE

heures, je vais dans le bois, je rentre, prends mon café, je me mets au travail vers onze heures et travaille jusqu’à trois heures et demie. Alors, de nouveau, je vais au bois jusqu’au dîner. Je dîne, je lis Tourgueniev. Vient Agafia Mikhailovna. Je prends le thé, je t’écris, je me promène au clair de lune et me couche. Et c’est le moment le plus mauvais. Je suis longtemps à m’endormir. »

Et d’une autre lettre :

« … Je pense toujours à Tourgueniev et l’aime passionnément. Je le plains et le lis toujours. Je vis tout le temps avec lui. Certainement ou je dirai moi-même quelque chose ou j’écrirai quelque chose que quelqu’un lira. Dis cela à Uriev. Tout à l’heure j’ai lu Assez. Lis-le. Quelle chose délicieuse ! »

La comtesse Tolstoï écrit aussi à sa sœur, sur la conférence projetée :

« Le 23 octobre, Léon fera une conférence publique sur Tourgueniev. Tout Moscou en parle. La salle des fêtes de l’Université va être bondée. On me réserve quatre places d’honneur au milieu du premier rang. »

Mais cette conférence ne fut pas autorisée, et la comtesse Tolstoï, dans une lettre à sa sœur, parle de cette interdiction avec le dépit révolté qu’en ressentit toute la société.

« Ma chère Tania. Comme tu le sais probablement par les journaux ou les on-dit, la conférence en souvenir de Tourgueniev a été interdite par votre dégoûtant Pétersbourg. On dit que c’est Tolstoï (le Ministre) qui a fait cela. Mais que peut-on attendre de lui, sauf des mesures maladroites et méchantes ? Imagine-toi que cette conférence