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VIE ET ŒUVRE

Il l’a chloroformé et a remis le bras très habilement[1]. »

À propos de cet accident nous trouvons encore dans le souvenir du domestique de Tolstoï : S. P. Arbouzov, les quelques renseignements suivants :

« … Alors on transporta le comte du village à sa maison. Là personne ne dormait. Le docteur enleva son pardessus et monta dans le cabinet où j’avais apporté les médicaments.

« Aussitôt Sophie Andreievna m’envoya chercher deux paysans pour tenir le comte pendant que le docteur lui remettrait le bras. J’ai appelé deux ouvriers, Sémen et Vladimir, que le comte aimait beaucoup. Sur l’ordre de la comtesse, ils furent introduits dans le cabinet et le docteur les plaça derrière le comte. Le docteur fit respirer quelque chose au comte, et il s’endormit. Alors le docteur commença à remettre en place le bras nu. Mais bientôt le comte s’éveilla et dit : — « Vous n’avez pas honte de me faire cela. » Le docteur fit encore respirer quelque chose au comte et, cette fois, il s’endormit si profondément que le médecin lui-même s’en effraya. Les ouvriers, sur les indications du docteur, déplaçaient le bras et le docteur lui-même faisait quelque chose à l’épaule. Le comte n’arrivait toujours pas à reprendre connaissance, le médecin lui fit mettre sur la tête des compresses froides ; après quoi il s’éveilla.

« — Comment vous sentez-vous ? lui demanda le médecin.

« — Je me sens très bien.

  1. Archives de T. A. Kouzminsky.