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VIE ET ŒUVRE

fois que je les rencontre, je ne puis me retenir de dire ce que je pense. »

Dans sa lettre du 8 juin, il parle à sa femme de ses nouvelles connaissances de là-bas :

« Toute la semaine dernière je suis resté avec les paysans, et maintenant, une autre chose : Outre les habitants, chez les Bibikov sont venus des hôtes, deux personnes qui furent mêlées au procès des 193 ; et ces derniers jours, j’ai causé longuement avec eux. Je savais qu’ils le désiraient, et je n’ai pas cru bon de m’éloigner d’eux. Ces conversations sont peut-être utiles pour eux ; pour moi elles sont pénibles. Ce sont des hommes dans le genre de B. et V. I., mais plus jeunes. L’un, un paysan (ancien serf), Lazarev, est particulièrement intéressant. Il est instruit, intelligent, sincère, ardent, et tout à fait paysan par son parler et ses habitudes de travail. Il est avec deux de ses frères, laboure, récolte, et travaille à un moulin commun. La conversation, comme toujours, sur la violence. Ils veulent défendre le droit de la violence ; je leur montre que c’est immoral et stupide. Tous ces jours ils viennent en quantité, tantôt chez Bibikov, tantôt chez V. I. ; je me tiens à l’écart, mais deux fois nous avons causé longtemps. »

Le 27 juin, la comtesse écrit à son mari :

« Je lis tout le temps ton article ou mieux ton œuvre. Sans doute on ne peut nier qu’il faut être parfait, qu’il faut le rappeler aux hommes, et leur montrer par quelle voie y parvenir. Mais cependant je suis forcée de dire qu’il est difficile de rejeter tous les jouets de la vie ; chacun, moi plus que les autres, tient à ces jouets, et je me réjouis