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LÉON TOLSTOÏ

trefois et celle d’aujourd’hui et vous verrez que je tâche de les accomplir. Si je n’y parviens pas, c’est que je ne sais pas. Apprenez-moi comment sortir du filet des séductions dans lequel je suis pris ; aidez-moi… »

« Accusez-moi, je le fais moi-même : accusez-moi, mais n’accusez pas la voie où je marche et que je montre à ceux qui me demandent le chemin. Si je connais le chemin qui mène à la maison, mais si, étant ivre, je marche en titubant, direz-vous à cause de cela que le chemin que je suis n’est pas le bon ? Si cette voie n’est pas la bonne, montrez-m’en une autre ; si je m’égare et chancelle aidez-moi, soutenez-moi, comme je suis prêt à vous soutenir. Mais ne me détournez pas. Ne vous réjouissez pas du fait que je me suis égaré. Ne criez pas avec enthousiasme : « Regardez ! Il dit qu’il va à la maison, et il tombe dans le fossé ! » Ne vous réjouissez pas de cela, mais aidez-moi, soutenez-moi. »

Et, à la date du 22 décembre 1882, nous trouvons dans le journal de Tolstoï :

« De nouveau à Moscou, de nouveau, depuis plus d’un mois, j’endure de cruelles souffrances morales, mais non sans résultat.

« Si l’on aime le bonheur divin (il me semble que je commence à l’aimer), alors c’est vivre par lui. On y voit le bonheur, on y voit la vie et on voit que le corps empêche le bonheur véritable, pas le bonheur même, mais empêche de voir ses fruits. Si l’on commence à voir les fruits du bien, on cesse de le faire. C’est peu, du fait seul de le regarder, on le gâte ; on s’en vante et on en est triste. Ce que tu as fait ne sera le vrai bien que quand tu ne seras pas