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VIE ET ŒUVRE

monde existe par l’amour. » Il fut enchanté de cette traduction du passage connu[1]. »

Au sujet de ces études, N. N. Strakov s’exprime ainsi dans une lettre à son ami N. I. Danilevsky :

« 19 juillet 1887. Iasnaïa Poliana.

« … Vous savez peut-être que L. N. Tolstoï, cet hiver, a étudié la langue hébraïque, ce qui lui est d’un grand secours dans l’interprétation des Écritures, son occupation principale. Il est arrivé à quelques conclusions extraordinaires de justesse, et d’une grande importance. Ne me soupçonnez pas de parti pris, vous savez que je ne cède pas facilement aux nouvelles opinions. Le côté positif de sa compréhension du christianisme est indiscutable, mais du côté négatif il y a beaucoup de points faibles et d’exagération. »

La comtesse Tolstoï ne regardait pas d’un point de vue si élevé les occupations de son mari. Elle considérait l’étude de l’hébreu comme une perte physique et morale. Cette même année, 1882, elle écrit à sa sœur :

« Léon apprend la langue hébraïque et cela m’attriste beaucoup. Il dépense ses forces à des sottises. À cause de ce travail, sa santé et son humeur sont devenues pires. Cela me tourmente beaucoup et je ne puis cacher mon mécontentement. »

Et dans une autre lettre :

« Léon consacre toutes ses forces à l’étude de la langue juive. Rien d’autre ne l’intéresse plus. Non, c’est la fin de son activité littéraire, et c’est dommage, bien dommage. »

  1. Lœvenfeld, Causeries avec et sur Tolstoï.