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LÉON TOLSTOÏ

mander quelqu’un pour des leçons d’hébreu. L’idée d’apprendre la langue hébraïque lui était venue en étudiant la Bible. Je lui offris d’être son professeur. Tolstoï se mit à l’étude avec ardeur. Il saisissait avec une rapidité extraordinaire ; mais il ne lisait que ce qui lui était nécessaire, et passait ce qui ne l’intéressait pas. Nous commençâmes par le premier mot de la Bible, et de la sorte, avec des lacunes, nous arrivâmes jusqu’à Isaïe. Notre étude s’arrêta là. Les prédictions sur le Messie, dans certains passages de ce prophète ; lui suffisaient. Il n’étudiait la grammaire et la langue qu’autant que cela lui paraissait nécessaire. De même, en rien de temps, il étudia le grec de manière à lire parfaitement le Nouveau Testament dans l’original. Il connaît aussi le Talmud. Dans son désir passionné de la vérité, à chaque leçon il me questionnait sur les opinions morales du Talmud, sur l’interprétation des Talmudistes des légendes bibliques. En outre, il puisait ses renseignements dans un ouvrage écrit en langue russe : « Les idées des Talmudistes », publié par la société pétersbourgeoise pour le développement de l’instruction parmi les Juifs. Nos leçons comme maître et élève duraient une demi-heure. Une fois par semaine, je venais chez le comte, et une fois il venait chez moi. Au bout d’une demi-heure la leçon passait à la conversation. Je lui répondais à toutes les questions qui l’intéressaient. Une fois, nous tombâmes sur sa compréhension de l’existence du monde par l’amour. Sur cela, dit-il, il n’y pas un mot dans la Bible. Alors je lui indiquai le troisième verset du Psaume lxxxix, que je lui traduisis ainsi : « Le