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LÉON TOLSTOÏ

son, tout était préparé : dîner, thé, fruits. Mais, à cause du voyage et de l’emballage, qui dura une semaine, j’étais si fatiguée que j’en étais énervée, et rien ne me faisait plaisir, au contraire. La maison est très commodément agencée et très bien, le jardin fait la joie de tous. Le haut, c’est-à-dire le salon, n’est pas prêt, il ne le sera peut-être pas avant un mois, mais nous nous en passons très bien. Nous restons de préférence dans notre chambre et dans celle de Tania. Léon, au commencement, était très gai et très animé. Maintenant il étudie l’hébreu, et il est devenu un peu plus sombre[1]. »

À cette époque se rapporte la très intéressante lettre suivante de Tolstoï à V. I. Alexiev :

« Cher ami, je viens de vous voir en rêve, j’allais vous écrire quand j’ai reçu votre lettre. Je m’ennuie souvent de vous, mais me réjouis de savoir que vous êtes bien. Votre sort est très heureux. Sans doute, tout le bonheur est en soi, mais les conditions extérieures peuvent vous faire la vie bien pénible ; les conditions dans lesquelles vous vivez sont, je crois, les plus légères. Dieu me les a refusées.

« Je vous envie souvent, je vous envie avec affection, mais je vous envie. Chez nous, à la maison, on était malade. Maintenant tout va bien, et comme autrefois. Serge travaille beaucoup et croit en l’Université. Tatiana est mi-bonne, mi-sérieuse, mi-intelligente ; elle ne devient pas pire, plutôt mieux. Elie grandit. Il est paresseux et son âme n’est pas encore troublée par le développement physique. Léon et Marie me paraissent meilleurs. Ils n’ont pas

  1. Archives de T. A. Kouzminsky.