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VIE ET ŒUVRE

l’izba de Mitrofane. Il y avait peu de bécassines, et elles volaient loin de moi. Je n’ai pas tiré un seul coup, mais, comme toujours, j’ai réfléchi religieusement, en écoutant les merles, les chauves-souris, les chiens, les coups de fusil proches et lointains, les grands-ducs. Boulka aboya contre celui-là. On entendait des chansons du village voisin. La lune s’est montrée à droite à travers les nuages, j’ai attendu les étoiles, et suis rentré à la maison. »

Et dans une autre lettre :

« Aujourd’hui, il est venu un agent de police, avec son sabre, sa vue ne m’a guère fait plaisir. Il lui fallait des renseignements qui ne sont nécessaires ni à lui ni à personne, et à chaque mot : « Votre Excellence ! » et des mensonges et des sottises. Aujourd’hui, la journée est douce, avec une petite pluie ; l’herbe pousse partout. La verdure est d’une teinte si vive qu’on n’en trouverait pas de pareille chez Avanzo. »

Dans les premiers jours de mai, la comtesse et les jeunes enfants partirent pour Iasnaïa-Poliana, et Tolstoï resta à Moscou avec les fils aînés qui allaient au lycée. Cet arrangement lui souriait d’autant mieux qu’il voulait publier les Confessions dans Rousskaia Misl, et il devait corriger les épreuves ; et c’est à ce moment qu’il y ajouta la Conclusion, où, sous forme de rêve, il décrit comment il trouva le calme religieux. Mais la censure ne laissa pas passer l’article, les Confessions furent supprimées du livre de la revue, et elles furent publiées à Genève chez Elpidine. C’était la première œuvre de Tolstoï interdite par la censure ; elle fut répandue en Russie par milliers de copies manuscrites, lithogra-