hélas ! cette situation fausse, je la sens depuis que j’écris, j’en souffre, je sais qu’il serait mieux de propager le système uni, la pensée claire. Mais je fais ce que je puis et me tais beaucoup. Je parle avec prudence et clarté, et je me demande si Dieu n’enverra pas quelques autres qui le diront mieux et plus complètement[1]. »
Au commencement d’avril, Tolstoï partit pour Iasnaïa. De là, il écrit à sa femme :
« Ce matin, je suis sorti à onze heures. J’étais ivre du beau matin. Il fait chaud, sec, l’herbe pousse partout, sous les feuilles, sous la paille ; les lilas bourgeonnent, les oiseaux chantent, non plus désordonnément mais ils commencent à causer entre eux, et autour des maisons, partout, et près du fumier, bourdonnent les abeilles. J’ai sellé mon cheval et suis parti. Pendant la journée, j’ai lu, ensuite j’ai fait le tour du rucher et du bain. Partout l’herbe, les oiseaux. Point d’agents de police, ni de pavés, ni de cochers, ni de puanteur. Il fait très beau, si beau que je vous plains beaucoup et pense que tu devrais venir plus tôt avec les enfants ; moi je resterais avec les garçons. Pour moi, avec mes idées, peu importe d’être là ou là, et pour ma santé, la ville ne peut avoir d’influence, tandis qu’elle en a une grande pour toi et les enfants. J’ai dîné, j’ai terminé ces choses succulentes que tu avais envoyées et que Marie Afanassievna avait conservées. Ensuite, j’ai pris un livre. Le soleil commençait à devenir rouge et à se coucher, alors, j’ai vivement chargé mon fusil, sellé mon cheval, et suis parti vers
- ↑ Archives de V. G. Tchertkov.