son portrait. » — « Non, si c’est ainsi : faites celui de ma femme. » Je l’ai fait. Mais, dès ce moment, j’ai tout compris ; j’ai aimé cet homme, sans bornes. Il m’a tout révélé. Désormais je pouvais appeler ce que toute ma vie j’avais aimé, il me l’a nommé ; et, ce qui est le plus important, l’objet de notre amour était le même[1]. »
La comtesse Tolstoï raconte aussi à sa sœur cette connaissance du peintre Gay.
« … Maintenant le célèbre peintre Gay fait mon portrait. C’est très bien. Quel homme charmant et naïf ; il est délicieux. Il a cinquante ans, il est chauve, les yeux bleu-clair et le regard très bon. Il est venu faire connaissance de Léon. Il lui a fait une déclaration d’amour et a voulu faire quelque chose pour lui. Ma Tania est entrée. « Permettez-moi de faire le portrait de votre fille, » dit-il. À quoi, Léon répondit : « Faites plutôt celui de ma femme. » Et voilà déjà une semaine que je pose. Il me fait la bouche entr’ouverte, en corsage de velours noir avec une dentelle d’Alençon, et simplement en cheveux ; le portrait est d’un style sobre et très beau[2]. Léon ne travaille pas et Zakharine ne le lui a pas ordonné. Qu’il se repose ! Il joue souvent au whist, fait de longues marches et lit. Il est calme d’esprit ; nous sommes très amis et presque gais. »
L’ami fidèle et l’admirateur de Tolstoï, N. N. Strakov, continuait toujours à correspondre avec lui ; et la lettre qui suit précise les ressemblances et les différences qui existaient entre eux. Ils étaient