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LÉON TOLSTOÏ

des joyeux, des bienfaisants, des heureux. Que Dieu t’aide, et moi, qu’y puis-je ? »

Et voici maintenant les extraits de deux lettres de Tolstoï :

« … J’ai lu les vieilles revues françaises, j’y ai trouvé de très beaux articles sur les questions religieuses. J’ai réfléchi longuement, puis suis allé à cheval, et j’ai réfléchi encore davantage… Ici tous les ruisseaux sont pleins, de sorte qu’il est difficile de passer, mais aujourd’hui il gèle ; il a fait même si froid que j’ai chauffé. Aujourd’hui, en voyant la maison de K…, j’ai pensé : Pourquoi se tourmente-t-il ? Pourquoi est-il où il ne désire point être, et eux tous et nous tous, nous ferions bien de vivre à Iasnaïa et l’été et l’hiver et d’élever nos enfants…

« Mais je sais que l’insensé est possible, et les choses raisonnables impossibles.

« Je voudrais bien écrire l’article que j’ai commencé, mais si je ne le termine pas cette semaine, je n’en serai pas très triste.

« En tout cas, il m’est très utile de m’éloigner de ce monde séducteur, et de me réfugier en moi, de lire les pensées des autres sur la religion, et d’écouter la bavarde Agafia Mikhailovna, et de penser non aux hommes, mais à Dieu…

« Ma lecture est intéressante. Je veux réunir tous les articles de revues concernant la philosophie et la religion. Ce sera un recueil admirable du mouvement religieux et philosophique durant ces vingt dernières années. Quand je suis las de cette lecture, je prends les revues étrangères de 1834 et j’y lis des nouvelles. C’est aussi très intéressant.

« Je n’ai pas reçu hier ta lettre, à Toula, probable-