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VIE ET ŒUVRE

de la jeunesse et, à l’étonnement de tous, dansa le cancan parisien. Et ce jour, nous trouvons dans le journal de Tolstoï :

« Tourgueniev. Cancan. Triste. Rencontre avec les paysans sur la route. Joyeux. »

Tout ce temps, Tolstoï était triste. Sa famille se préparait à partir en ville pour l’hiver ; cela l’inquiétait, mais il ne se sentait pas de force à résister. Le 1er septembre, il alla à Pirogovo, chez son frère. De retour de là, le 2, il écrit dans son journal :

« Souvent je désire mourir. Le travail ne m’entraîne pas. »

À la mi-septembre toute la famille Tolstoï s’installa à Moscou, petite rue Denejni. Pour Léon Nicolaiévitch, c’était une grande épreuve. Le 8 octobre, il écrit dans son journal :

« Un mois est passé. Le mois le plus pénible de ma vie. L’installation à Moscou. Tous s’installent. Quand donc commenceront-ils à vivre ? Tout cela, non pour vivre, mais parce que les gens font ainsi. Les malheureux ! Et il n’y a pas de vie. La puanteur, les pierres, le luxe, la misère, la débauche. Les brigands se sont réunis ; ils ont pillé le peuple, ont réuni des soldats et des juges pour protéger leur orgie, et ils festinent. Au peuple, il ne reste rien d’autre à faire qu’à profiter des passions de ces hommes pour leur reprendre ce qu’ils ont pillé. »

Sur ces premiers temps de leur séjour à Moscou, la comtesse Tolstoï écrit à sa sœur :

« 14 octobre 1881. Moscou. Il y aura demain un mois que nous sommes ici, et je n’ai pas écrit