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LÉON TOLSTOÏ

val, accompagnées du Cosaque en manteau rouge. C’était un coup d’œil étrange ; le cheval est doux, apprivoisé comme un chien. À tour de rôle, il a mis les enfants en selle. »

Tolstoï prolongea sans doute son séjour à Samara, car le 6 août la comtesse adresse à son mari une lettre de reproches.

Mais apprenant que Tolstoï songe à une nouvelle œuvre littéraire, de nouveau elle est pénétrée de tendresse pour lui. « Quel sentiment joyeux m’a saisie, en lisant que tu veux te remettre au genre poétique. Tu sais comme je l’attends et le désire depuis longtemps ! C’est le salut et la joie. Voilà qui nous réunira de nouveau. Voilà qui te consolera et éclairera notre vie. Cela c’est un véritable travail. En dehors de lui, il n’y a pas de paix pour ton âme. Je sais que tu ne peux pas te contraindre, mais que Dieu te garde dans cette disposition, pour que, de nouveau, s’allume en toi cette étincelle divine. Cette pensée me remplit d’enthousiasme[1]. »

Le 17 août, Tolstoï rentra à Iasnaïa-Poliana et aussitôt s’envolèrent ses intentions de participer étroitement à la vie de famille, de partager ses intérêts. Justement au moment de son retour, il y avait un grand nombre d’invités et l’on préparait un spectacle d’amateurs. Et dans le journal de Tolstoï, à la date du 18 août, nous trouvons :

« Le théâtre. Gens vides. De ma vie sont rayées les journées du 19, 20 et 21. »

Le 22 août, Tolstoï eut la visite de Tourgueniev. Celui-ci se laissa vite gagner par la gaîté générale

  1. Archives de la comtesse S. A. Tolstoï.