Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/363

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
341
VIE ET ŒUVRE

« Ce sont de charmantes gens. De toutes leurs forces, de toute leur énergie ils aspirent à la vie meilleure, plus juste, tandis que la vie et la famille tirent de leur côté, et il en résulte quelque chose de moyen. Placé comme je suis, je vois que ce « moyen », bien que bon, est loin de leur but. Mais en le rapportant à soi, on apprend à être satisfait du « moyen». Ce même « moyen » se retrouve dans la vie des Molokans et du peuple, surtout ici. Que Dieu me permette seulement de vous rejoindre tous, et tu verras quel bon garçon je serai, à ton idée[1]. »

À Iasnaïa Poliana, la vie s’écoulait comme toujours, mélange de tristesse et de gaieté ! On y reçut beaucoup de visiteurs, quelques-uns étrangers. Tel celui dont parle la comtesse Tolstoï dans une lettre à son mari :

« Nous avons comme hôte un Cosaque étrange, qui vient de la stanitza Starogladovsk ; il s’appelle Feodor. C’est le neveu d’Epichka. Il est de ton âge ; blanc, maigre. Il est arrivé du Caucase à cheval, sur un cheval roux, en bachelik rouge et bonnet de fourrure avec des médailles et des décorations. Un affreux bavard. Il est poseur et peu sympathique. Il dit qu’il se rend chez l’Empereur pour demander d’entrer dans la garde privée de l’Empereur « où l’on a tué un des nôtres », dit-il. « Je vais servir le troisième tzar : j’en ai déjà servi deux. » Il a visité Alexis Stepanovitch. Ils ont eu une conversation animée sur divers souvenirs du Caucase et leurs connaissances communes. Hier nous sommes allés nous promener en voiture ; les deux Tania, à che-

  1. Archives de la comtesse S. A. Tolstoï.