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VIE ET ŒUVRE

les gens d’église c’est bien : Comment les prêtres de jadis mangeaient des centaines de crêpes. »

Les affaires du domaine étaient le prétexte du voyage. Mais Tolstoï ne pouvait plus s’en occuper la conscience tranquille ; il souffrait de la contradiction entre la richesse et la pauvreté, entre l’oisiveté et le travail ; il souffrait de ne pouvoir abandonner franchement les unes pour les autres. Cet état douloureux se remarque souvent dans ses notes et sa correspondance de cette époque :

« 16 juillet. Je suis allé examiner les chevaux. Souci insupportable. L’oisiveté, la honte. »

« 17 juillet. Aujourd’hui, je veux écrire et travailler. »

« 21 juillet. Le mari d’une femme de Pavlovo est mort en prison, et l’enfant est mort de faim, — Patrovski, ancien berger, la misère. Blanc, cheveux gris. — Conversation avec A. A. sur les maîtres : ceux qui ne veulent pas donner la terre et ceux qui sont pour le partage. Un paysan du comte Orlov Davidov ; une déciatine par âme. Ce n’est pas assez pour le kvass ; et lui a 49.000 déciatines. »

Le 24 juillet Tolstoï écrit à sa femme :

« L’année s’annonce bien. La seule chose triste serait de ne pouvoir aider un peu. Il y a trop de pauvres dans le village, et la misère honteuse qui s’ignore elle-même. »

À cette lettre, la comtesse lui répondit, le 30 juillet.

« Que les affaires restent comme elles sont. Je ne désire rien changer. Si nous en sommes du nôtre, nous en avons l’habitude ; si, un grand profit, l’argent peut s’en aller et n’arriver ni à moi ni aux