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LÉON TOLSTOÏ

et ils se mirent à bavarder jusqu’à trois heures du matin. »

Polonsky, qui n’avait pas vu Tolstoï depuis plus de vingt ans, fut frappé de la douceur qu’il remarqua en lui, ainsi que de sa simplicité charmante. « Je l’ai vu, dit Polonsky, comme régénéré, pénétré d’une autre foi, d’un autre amour. À personne de nous le comte n’imposait ses opinions, et il écoutait tranquillement les objections de Tourgueniev. En un mot, ce n’était plus ce même comte que j’avais connu autrefois, dans la jeunesse. »

Tolstoï resta deux jours à Spasskoié. Nous trouvons la mention de ce voyage dans son journal.

« 9 et 11 juillet. Chez Tourgueniev. Le charmant Polonsky, tranquillement occupé de peinture et de littérature. Ne juge personne. Pauvre et tranquille. Tourgueniev craint le nom de Dieu, mais le reconnaît. Lui aussi est naïvement tranquille dans le luxe et l’oisivelé de la vie. »

Le 13 juillet, Tolstoï et son fils Serge partirent pour leur propriété de Samara. Voici quelques notes de voyage :

« 13 juillet. Nous sommes partis. M… est à plaindre. On l’a traîné devant les tribunaux parce qu’il est bon et vaniteux. Nous étions ensemble en troisième classe et c’était très bien. Après il est allé dans le wagon impérial chez le grand-duc Nicolas Nicolaiévitch cadet. À toutes les stations, émotion du peuple : Le grand-duc est là ! On crie : Hourra ! À Skopine, la foule nous presse. Les gens sont sur les toits. La même chose à Riajsk. Un petit propriétaire de Voronèje, gros, sensuel. Causer avec