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VIE ET ŒUVRE

la raison universelle ne les acceptera pas. On leur a enseigné un grand nombre de connaissances sans lien.

« Et tous restent sans l’unité, avec des connaissances désunies, et pensent que c’est une acquisition.

« Serge a avoué qu’il aime la vie charnelle et y croit. Je suis content de la manière nette dont est posée la question. Je suis allé chez Constantin. Depuis toute une semaine il est malade : le côté, la toux. Maintenant c’est la bile. Kournosen était malade de la bile. Kondriatï est mort de la bile. Les pauvres meurent de la bile. On meurt de l’ennui. La femme a un nourrisson, trois petites filles, et pas de pain. — Le poêle est chauffé. Constantin a conduit au marché la dernière brebis. — À la maison attend le paysan malade de Gorodenko. Le voisin l’a amené. Il attend sur l’avenue. Chez nous, grand dîner au champagne. Tania en robe chic ; chaque enfant porte une ceinture de cinq roubles. On dîne, et la voiture est déjà partie pour le pique-nique, parmi les attelages des paysans qui ramènent les gens fourbus de travail. Je suis allé chez eux, mais j’étais très faible[1]. »

Pendant ces jours, Tolstoï reçut une lettre de Tourgueniev qui lui écrivait :

« Très cher Léon Nicolaiévitch. J’espère que vous ayez bien fait votre pèlerinage et compte que vous tiendrez votre promesse de venir me voir. Depuis une semaine je suis de retour de Moscou ; ma maison est maintenant en ordre, et je ne bougerai

  1. Archives de L. N. Tolstoï.