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LÉON TOLSTOÏ

et une partie du bois vendu. Il parle des Petits-Russiens. D’un village à l’autre, ordinairement 20, 30, 40 verstes. On crie à travers la rue : « Viens coucher ici ! » On donne à boire, à manger, on fait coucher, et l’on donne aussi quelque chose pour la route. »

« 26 et 27 juin. Il y a beaucoup de miséreux. Moi je suis malade, je n’ai pas dormi et n’ai mangé rien de solide depuis six jours ; j’ai commencé à me sentir heureux. C’est difficile, mais c’est possible. J’ai compris comment il faut faire.

« Conversation avec Serge, sur Dieu ; la suite de celle d’hier. Lui et eux pensent qu’il faut dire : « Je ne le connais pas. On ne peut pas le prouver. Je n’en ai aucun besoin. » Ils voient là une preuve d’intelligence et d’instruction, alors que c’est un signe d’ignorance. Je ne connais ni les planètes, ni l’axe autour duquel tourne la terre, ni les écliptiques. Je ne veux pas accepter cela de confiance. Mais je vois que le soleil et les étoiles tournent dans un certain sens. Mais prouver le mouvement de la terre, et son équilibre, c’est très difficile, et il reste encore beaucoup de choses vagues, et d’une difficulté inimaginable. L’avantage, c’est que tout cela est ramené à l’unité. De même dans le domaine moral et intellectuel ramener à l’unité les questions : Que faut-il faire ? Que faut-il connaître ? Que faut-il espérer ?

« Toute l’humanité y travaille. Et tout d’un coup les hommes s’imaginent que c’est un mérite, et se vantent de désunir tout ce qui est ramené à l’unité. À qui la faute ? On leur a enseigné très soigneusement les rites et les religions, sachant d’avance que