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LÉON TOLSTOÏ

blessé à l’épaule en 1829 ; à la jambe sous Sébastopol, et boite depuis quarante-six ans. Quinze convois de cinq cents hommes chacun sont partis du Gouvernement de Toula. Quarante personnes sont retournées. On l’a bastonné sur les canons, cinq cents coups. Sur un mât de trente-cinq sagènes de hauteur. Il n’y a pas d’échelle. La tempête est un repos pour nous. Les vagues sont hautes comme le clocher.

« 28 mai. Toute la journée, Fet.

« 29 mai. Conversation avec Fet et ma femme. La doctrine chrétienne n’est pas réalisable. Alors elle est une sottise ? Non, mais elle n’est pas réalisable. Oui. Mais avez-vous essayé de la réaliser ? Non, mais elle n’est pas réalisable.

« 31 mai. Conversation avec Tania sur V. I. Les gens du monde ne comprennent pas les religieux. La moralité de la future vie de l’Église, et l’immoralité de la vie de Tania. »

Par ces courts extraits, nous voyons quelle variété de types défilaient devant Tolstoï, et quels matériaux il avait pour ses tableaux de mœurs.

Le peuple, avec sa religion, attirait toujours l’attention de Tolstoï, et il l’étudiait dans les prisons, les auberges, les faubourgs. Il causait longuement avec les quémandeurs, s’intéressant aux moindres détails de leur vie, et soulageant autant qu’il était en son pouvoir leurs infortunes matérielles et morales.

Ce fut encore afin d’étudier le peuple qu’il entreprit un nouveau voyage au couvent Optina-Poustine, à pied, en compagnie de son serviteur S. P. Arbouzov.