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VIE ET ŒUVRE

et c’est étrange comment nous passons devant l’Évangile sans voir son sens le plus immédiat. Il s’approfondit dans l’étude des textes évangéliques, et il s’est expliqué beaucoup de choses avec une simplicité et une finesse étonnantes. Je crains que, faute d’habitude d’exprimer des pensées abstraites, et en général, d’écrire la prose, il ne parvienne pas à exprimer ses idées avec concision et netteté. Mais le sujet de l’ouvrage qu’il compose est en effet admirable[1]. »

En septembre, Tolstoï demande brièvement à Fet : « Comment va votre Schopenhauer ? je l’attends avec un vif intérêt. Je travaille beaucoup. »


L’état religieux de Tolstoï ne s’accordait pas avec l’humeur de sa famille.

Le 3 février 1881, la comtesse écrit à sa sœur :

« Léon est tout au travail. Il ne peut s’en détacher malgré qu’il ait toujours mal à la tête. Lui et nous tous sommes terriblement frappés de la mort de Dostoïevski. Récemment, il était devenu si célèbre, et aimé de tous, et le voilà mort ! Depuis cette nouvelle, Léon est tout à la pensée de sa propre mort, et il est devenu encore plus concentré et taciturne. »

Le même jour, elle écrit à son frère :

« Si tu voyais et entendais maintenant Léon ! Il a beaucoup changé. Il est devenu le chrétien le plus ferme et le plus sincère. Mais il a blanchi, sa santé s’est affaiblie, et il est plus calme et plus triste qu’auparavant. Si tu entendais maintenant ses

  1. Rousski Viestnik, 1901, p. 142.