Page:Biriukov - Léon Tolstoï, vie et oeuvre 3.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
319
VIE ET ŒUVRE

dre plusieurs événements de la vie de Tolstoï et de son entourage au cours des années 80.

Tourgueniev était un de ceux pour qui il était difficile de comprendre le changement survenu en Tolstoï. Apprenant qu’il avait écrit un ouvrage sur un sujet religieux, il s’exprime ainsi dans une lettre à Polonsky :

« Je plains beaucoup Tolstoï, mais d’ailleurs, comme disent les Français, chacun tue ses puces à sa manière. »

En même temps, il s’appliquait avec soin « comme une vieille nounou », disait-il lui-même, à répandre les œuvres littéraires de Tolstoï. Dans sa lettre du 28 décembre 1879, il lui écrit :

« La princesse Paskevitch, qui a traduit Guerre et Paix, a enfin envoyé ici 500 exemplaires. J’en ai reçu dix que j’ai distribués aux critiques influents d’ici (Taine, About, et autres). Il faut espérer qu’ils comprendront toute la force et la beauté de votre épopée… »

Et le 12 janvier 1880, il se hâte de communiquer à Tolstoï l’opinion enthousiaste de son ami Flaubert :

« Cher Léon Nicolaiévitch. Je vous transcris, avec l’exactitude diplomatique, l’extrait d’une lettre de Flaubert, à qui j’avais envoyé la traduction de Guerre et Paix (malheureusement assez faible).

« Merci de m’avoir fait lire le roman de Tolstoï. C’est de premier ordre. Quel peintre et quel psychologue ! Les deux-premiers volumes sont sublimes, mais le troisième dégringole affreusement. Il se répète ! et il se philosophise ! Enfin on voit le monsieur, l’auteur et le Russe, tandis que jusque-là on